Revenons sur la chronologie des événements et remontons à cette date fatidique du ...
VENDREDI 13 OCTOBRE 1307
Tous les Templiers de France furent arrêtés le 13 octobre 1307 en même temps lors du coup de filet ordonné par Philippe le Bel le 14 septembre 1307 depuis l'abbaye de Maubuisson quelques temps auparavant. Ou comment s'accaparer la légendaire fortune des Templiers alors que les caisses sont vides !
Ordre d'arrestation des templiers
(vidimus de Pierre de Hangest, bailli de Rouen).
Abbaye de Maubuisson, 14 septembre 1307.
Parchemin (2 membranes), latin et français. 90 x 25 cm. Archives nationales, J 413, n° 22
De eo Templariorum cruento interitu Poema MS. cui titulus, Les Adventures advenues en France, initio sæculi xv. editum, hæc refert :
L'an mil trois cens et VII. sçachiez bien qu'en ce temps
Furent prins les Templiers, qui moult furent puissans ;
Vilment furent menés auques des plus vaillans,
Je crois bien que ce fu par l'art des mescreans.
Je ne scai se Templiers faisoient tels explois,
Mais en leurs draps portoient une vermeille crois.
Cependant, ce sont moins de 700 templiers qui seront arrêtés dans les 2000 commanderies que comptait le pays. Que sont devenus les autres ?
Jean de Chalon, dans sa déposition de juin 1308 déclare que, «la veille du coup de filet le 12 octobre 1307, il avait vu lui-même trois chariots chargés de paille quitter à la tombée de la nuit le temple de Paris sous la conduite de Gérard de Villers qui menait cinquante chevaux et d’Hugues de Châlons.
Ces chariots, dans lesquels étaient dissimulés des coffres contenant tout le trésor du Grand Visiteur de France Hugues de Pairaud […] prenaient la direction de la côte pour être embarqués vers l’étranger à bord de dix-huit navires de l’Ordre. Ce document figure aux archives secrètes du Vatican sous la cote ‘Register Aven. N°48 Benedicti XII, tome I, folios 448-451. » (P182-183).
Puis, selon un «texte [de la Bibliothèque Nationale de France] que personne à notre connaissance n’a encore cité […] Il contient la liste de douze dignitaires de l’Ordre et l’indication de la direction empruntée par certains d’entre eux. » (P184), dont Hugues de Châlons et Gérard de Villers.
Procès-verbal d'interrogatoire des Templiers emprisonnés dans l'enclos du Temple de Paris (19 octobre – 24 novembre 1307)
Le procès-verbal de Paris donne à lui seul les aveux de 138 prisonniers.
Ces interrogatoires se sont déroulés entre le 19 octobre et le 24 novembre 1307 dans la salle basse du Temple de Paris, en présence de l'inquisiteur de France, Guillaume de Paris.
Ce rouleau est composé de 44 membranes de peaux de chèvre provenant du même troupeau.
22 novembre 1307 : fulmination de la bulle Pastoralis præminentiæ du pape Clément V
La bulle papale Pastoralis præminentiæ, publiée par le pape Clément V le 22 novembre 1307, ordonnait à tous les rois chrétiens d'arrêter tous les membres de l'ordre du Temple, et de mettre sous séquestre toutes leurs terres et leurs biens, au nom de la papauté, à l'exception des possessions de l'ordre dans la péninsule Ibérique.
Publiée pendant le procès des Templiers par le roi de France Philippe IV le Bel, cette bulle a eu un impact considérable sur le sort des Templiers et, plus important encore, sur la position du Saint-Siège à propos de cette affaire.
Clément V entendait de cette manière garder le contrôle sur la procédure lancée par Philippe le Bel en l'empêchant de clore trop prématurément le procès. Si le pape s'était abstenu de faire une telle démarche, cautionnant du même coup par son silence l'action entamée par le roi de France contre l'ordre le 13 octobre de la même année (1307), on aurait probablement abouti à un arrangement entre Carpentras et Paris, en faveur du roi.
Bien au contraire,la bulle Pastoralis præeminentiæ garantissait que le procès serait public, et mené conjointement par les légats du pape et les légistes royaux.
PARCHEMIN DE CHINON - ABSOLUTION DU PAPE CLEMENT V
AUX CHEFS DE L'ORDRE DES TEMPLIERS
Chinon, diocèse de Tours, 17-20 août 1308
Le document contient l’absolution accordée par Clément V au dernier grand maître des templiers, le frère Jacques de Molay, ainsi qu’aux autre chefs de l’ordre après qu’ils aient fait acte de repentance et demandé le pardon de l’Eglise;
L’original était accompagné d’une copie actuellement conservée aux Archives Secrètes Vaticanes sous la dénomination Archivum Arcis, Armarium D 218.
Or, sa lecture permettrait de comprendre qu’un an après le début de l’extermination des Templiers, les survivants, dont le dernier grand maître de l’ordre, Jacques de Molay, avaient été absous par le pape Clément V. Les accusés avaient convaincu le pape que les crimes qu’on leur reprochait étaient exagérés ou faisaient partie de rites d’initiation. L’absolution papale n’a toutefois pas sauvé Jacques de Molay, qui est monté sur le bûcher en 1314.
11 mai 1310 :
54 Templiers sont condamnés à mort et brûlés le 12 mai aux portes de Paris, dans un champ près de la porte Saint-Antoine.
21 Templiers se présentent au concile de Mayence pour protester de leur innocence et en appeler au pape.
Le concile de Vienne et la bulle « Vox in excelso »
Le concile de Vienne est pour l'Église catholique romaine le quinzième concile œcuménique.
Il fut convoqué par le pape Clément V à la demande du roi de France Philippe le Bel pour discuter de l'avenir de l'Ordre du Temple.
Entre octobre 1311 et mai 1312, il se réunit à Vienne (dans le Dauphiné de Viennois) et aboutit à la suppression de l'Ordre.
« Vox in excelso » est une bulle pontificale fulminée datée du 22 mars 1312.
Le verdict si prévisible, qui établit officiellement la dissolution de l'Ordre du Temple, fut seulement proclamé le 3 avril 1312 par le pape Clément V, en séance plénière du concile de Vienne.
Ce qui n’était pas prévu par le roi de France était que tous les biens des templiers fussent attribués aux chevaliers de Rhodes.
En effet, un mois plus tard, le Pape décréta, par la bulle « Ad providam » la dévolution des biens du Temple à l'ordre de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem, et régla le sort des Templiers par la bulle « Considerantes dudum » fulminée le 2 mai 1312.
Bulle "Ad Providam" de Clément V (2 mai 1312) transférant les biens de l'Ordre du Temple à l'Ordre de l'Hôpital. Archives nationales (Paris).
En 1314, 54 chevaliers de l'Ordre des Templiers furent brûlés à Paris.
Jacques de Molay, né entre 1244 et 1249 et mort le 18 mars 1314 , fut le 22e et dernier maître de l'ordre du Temple.
Les Templiers sur le bûcher (Enluminure du manuscrit ms fr 229, fol.383)
La malédiction
Selon le témoignage du chroniqueur Geoffroy de Paris, Jacques de Molay est mort dignement : Le maître, qui vit le feu prêt, s'est dépouillé immédiatement, et se mit tout nu en sa chemise... Il ne trembla à aucun moment, bien qu'on le tira et bouscula. Ils l'ont pris pour le lier au poteau, et lui, souriant et joyeux, se laissa faire. Ils lui attachèrent les mains, mais il leur dit :
"Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s'abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur, sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir".
Faits étranges, le pape Clément V mourut le 20 avril 1314 et le roi Philippe le Bel, le 29 novembre 1314, à l'âge de 47 ans...
Ainsi, en moins de douze ans, les trois fils de Philippe le Bel, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel sont morts.
Jean Ier le Posthume, fils de Louis X le Hutin, n'a vécu que 4 jours. Philippe de France, fils de Philippe V le Long, est décédé au bout de 8 mois. Philippe de France, né peu avant le 5 janvier 1314 à Paris et mort peu avant le 24 mars 1322 dans cette même ville, est le fils du roi Charles IV le Bel et de sa première épouse Blanche de Bourgogne. Louis de France, fils de Charles IV le Bel et de Marie de Luxembourg, est décédé le lendemain de sa naissance, privant son père de l'héritier dont il a besoin pour perpétuer la dynastie des Capétiens directs selon la loi salique. Sa 3ème épouse Jeanne d'Évreux ne lui donnera que des filles.
La légende des Templiers
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